Alors que les fêtes de fin d’année battent leur plein, synonymes de cadeaux échangés et de commandes en ligne livrées en un temps record, un drame silencieux se joue en coulisses.
Les transporteurs indépendants, maillon essentiel de la chaîne logistique, peinent à joindre les deux bouts.
Derrière chaque colis déposé au pied du sapin, il y a un travailleur qui, malgré des journées interminables sur les routes, voit sa situation économique se dégrader d’année en année.
La majorité des transporteurs indépendants sont sous-traitants pour des grandes entreprises de logistique.
En théorie, ils devraient incarner la liberté d’entreprendre.
En pratique, beaucoup sont pris dans une spirale économique destructrice:

• Un seul client = dépendance totale : Ces travailleurs, souvent équipés d’un seul camion, n’ont aucun pouvoir de négociation face aux grands donneurs d’ordre

• Carburant, entretien, pièces détachées... Les coûts d’exploitation explosent, mais leurs revenus restent stagnants
• Contrairement aux salariés, ces indépendants n’ont pas accès au chômage ou à des congés payés.

Un transporteur indépendant témoignait récemment auprès de la Maison des Indépendants : « Je fais toujours le même chiffre d’affaires, mais tout coûte plus cher. Je travaille plus, je gagne moins.
Et si je demande une augmentation, on me répond qu’ils trouveront quelqu’un d’autre. Je suis coincé. »

Un constat accablant confirmé par une étude.

Ce constat n’est pas isolé. Selon le récent livre Pauvreté et travail, publié en octobre 2024 et coordonné par l’Université Libre de Bruxelles (ULB), 165.000 travailleurs en Belgique vivent sous le seuil de pauvreté, dont une large proportion d’indépendants sans personnel. (Etude réalisée sous la direction du professeure Isil Erdinç, grâce au soutien financier du SPP Intégration sociale, du SPF Securité sociale et du SPF Emploi).
L’étude met en lumière un paradoxe inquiétant : le travail, censé protéger de la pauvreté, devient pour certains une source d’appauvrissement.

Les transporteurs illustrent parfaitement cette réalité.

• Des marges qui s’effondrent : Les coûts liés au carburant ont explosé de 30 % ces deux dernières années. Les dépenses pour l’entretien des véhicules suivent la même tendance, laissant ces travailleurs avec des revenus nets en chute libre.
• Des protections sociales insuffisantes : Le droit passerelle, censé aider les indépendants en difficulté, est jugé largement inadapté pour couvrir les pertes économiques qu’ils subissent

Pour Marc HAENTJENS, porte-parole de la Maison des Indépendants, ces chiffres sont alarmants :
« Ces transporteurs sont essentiels pour notre économie et pour nos fêtes. Ils livrent nos cadeaux, nos courses, nos marchandises, mais qui pense à leur propre survie économique ?
Leur travail mérite d’être rémunéré à sa juste valeur. »
Des solutions pour une justice sociale La Maison des Indépendants appelle à des réformes urgentes pour redonner de la dignité à ces travailleurs essentiels :

1. Indexation des tarifs : Les tarifs facturés par les transporteurs doivent suivre les fluctuations des coûts, notamment le carburant.

2. Création d’un régime de chômage pour indépendants : Offrir un filet de sécurité en cas de baisse d’activité ou d’imprévus économiques.

3. Encadrement des contrats de sous-traitance : Réguler les relations avec les grands donneurs d’ordre pour garantir des conditions équitables.

4. Soutien financier ciblé : Faciliter l’accès aux aides d’urgence pour compenser les hausses imprévues des coûts d’exploitation.

« Ce n’est pas un luxe qu’ils demandent. C’est de la justice. Travailler ne devrait jamais être synonyme de pauvreté.

Nous devons agir, maintenant, »
insiste Marc HAENTJENS.
En cette période de solidarité, pensons à eux. Derrière chaque livraison, il y a un transporteur qui mérite de vivre dignement.